Les reliques de la Major

Lazare
La dépouille de Lazare, décapité, aurait été recueillie par les chrétiens et conservée, à l’abri des romains, dans une grotte. A partir du Ve siècle, elle est dans l’abbaye de Saint-Victor. Plus tard, les Sarrasins envahissent plusieurs fois Marseille, et pour protéger la relique, Romulus, abbé de Saint-Baudile de Nîmes fait bâtir une église à Autun en Bourgogne. Les reliques du saint y sont alors transportées par les Bourguignons et Gérard de Roussillon, gouverneur de Provence. Avant le départ, deux prêtres Marseillais subtilisent le crâne de la relique, en y mettant un autre, craignant de ne plus pouvoir récupérer le corps. Cette translation est attestée par divers documents, dont un de l’église d’Arles dont Marseille était alors la suffragante. Il n’est pas possible de connaître la date exacte de la translation.
Les deux prêtres dressent un acte d’authenticité, cachent leur trésor pendant l’invasion des barbares, et enfin, à leur départ, l’exposent à la vénération des chrétiens.
La tête du saint homme est conservée dans une chasse d’argent. Quelques fragments du corps sont placés dans un coffre de fer orné de peinture par Raimond II en 1122.
En 1481, nous l’avons dit, la chasse est portée dans le tombeau exécuté dans la chapelle qui porte son nom. Saint Lazare fut de tous temps l’objet d’un culte fervent dans Marseille. Ainsi, en 1516, lorsque François Ier entre à Marseille, tout le clergé, évêque en tête, l’accueille en portant le chef de Lazare.
A la révolution, la chasse est fondue, mais l’église conserve néanmoins le chef du saint.
Un fait est troublant, en dehors de la venue hypothétique de Lazare à Marseille : un évêque aixois, du nom Lazare, décédé vers 420, aurait été inhumé dans les cryptes de l’Abbaye de Saint-Victor.

La Major possédait aussi le chef de saint Cannat, sans autres précision. En outre, selon Ruffi, voici la liste des autres reliques :
1 La main droite et une côte de sainte Madeleine.
2 Un doigt de sainte Marthe.
3 Un fragment de bois de la Vraie Croix.
4 Un bras de saint Cannat.
5 Un bras de saint Adrien.
6 Un bras et une jambe de saint Victor.
7 Une dent et du poil de la barbe de saint Pierre.
8 La tête de l’une des vierges qui souffrit le martyr avec sainte Ursule.
9 Un morceau du voile de la sainte Vierge.
10 Un doigt de saint Antoine de Padoue.
11 Le bout d’une épine de la couronne de Jésus.
12 Une côte de saint Laurent.

Et notre historien, après une visite qu’il fait à la cathédrale le 5 août 1687 continue :
« J’y remarquai, des ossemens de S. Etienne, de st Adrian, de S. Vincent, de S. lean, de S. Veran, de Sainte Apollinaire, de Sainte Reine Martire, des Saints Innocens, du Sepulchre de Nôtre Seigneur, de S. Grégoire, de S. Polycarpe, du Saint-Suaire, des os d’un bras, d’un pied et des mains de S. Victor, des corps et des habits de S. Maurice et de ses Compagnons, des Reliques et habits de plusieurs Saints, de S. Alexandre Pape et Martir, de Saints Nerée et Achilée Martirs, de Sainte Cécile Vierge et Martire, de Saintes Magdeleine et Marthe , de Saint Gervais et Prothais, des habillemens et du sang de plusieurs Martirs, des arêtes des poissons dont Notre Seigneur rassasia les cinq mille hommes sur la montagne, une boëte dans laquelle il y a des limeures de bois de la Croix de Nôtre Seigneur, le reste aïant êlé donné au Roi René par le Chapitre et l’Evêque de Marseille des reliques de S. Félicien Marlir, de S. Ciriaque, de S. Irenée et de Sainte Artemie Vierge, des pierres du sepulchre de st Lazare, de la Crèche de Nôtre Seigneur, de l’eau du fleuve Iordain, de la pierre du lieu où la Sainte Vierge enfanta et, de son Sépulchre. Voilà à peu près les Reliques qui reposent dans cette Eglise. » ...
... « Il y a des Autheurs, qui disent qu’il y avoit autrefois dans la Cathédrale un vase d’une matière inconnue, qui renfermoit une larme qui tomba des yeux du Sauveur sur le tombeau du Lazare, lors qu’il fut sur le point de faire ce grand miracle de sa résurrection. Ils ajoutent que cette larme fut recueillie par un Ange, ou par sainte Magdeleine qui l’aporta en Provence, et la laissa à l’Eglise Majeur, jusqu’en l’an 330, qu’elle fut transportée à Constantinople par l’empereur Constantin, et qu’en l’an 1056, elle fut raportée en ce Roïaume, et mise dans l’Abaïe de Sainte-Trinité de Vendôme par Geofroi Martel Comte d’Anjou, que Henri I, Roi de France avoit envoïé en Orient pour secourir les Empereurs. »
En 1794, les églises sont fermées. Les reliques, sans les chasses en argent parties à la monnaie, sont remises au vicaire Leyton de la Major, qui en devient le dépositaire le 17 mars. Leyton est très inquiet de garder ces reliques. Il les confie à un homme hors de tout soupçon : le consul général de Venise, vice consul de Gènes et de Raguse à Marseille, E.J-B. Marron.
En 1795, la liberté des cultes est rétablie et le vicaire Leyton fait restituer les reliques à la cathédrale. Le consul reçut une récompense pour son dévouement : une portion des reliques qu’il avait sauvées.
En 1800, il n’y a plus d’évêque à Marseille et c’est l’église des Carmes qui devient première paroisse. L’abbé Vigne y fait transporter les reliques.
Plus tard, sans précision de date les reliques vont à Saint-Martin.
En 1856, l’église d’Autun rend à Marseille un bras de saint Lazare.
Le 6 avril 1858, Mgr Eugène de Mazenod ordonne la translation de la relique de saint Cannat dans l’église du même nom.
Le 23 Août 1863, les reliques sont transférées à Notre-Dame-de-la-Garde.

En 1885, on se plaint que, étant mal protégées, un nombre important d’entre elles a disparu.



Ce bas-relief , en pierre de La Couronne, a été trouvé pendant la démolition des deux travées de la vieille Major à partir de 1854. Tenant la roue dans ses mains : Ste Catherine.