Les privilèges et les usages particuliers de la Major

L’église de Marseille est une des plus anciennes du monde chrétien. A ce titre elle a obtenu des privilèges importants, tant de la part des princes et des souverains de différents royaumes, que de la part des papes eux-mêmes, qui la placèrent sous la protection du Saint Siège apostolique.
Parmi eux il faut citer, les papes Luce II, Grégoire VII et Honoré III « qui déclarèrent l’église de Marseille n’être point sujette à l’interdit, lors même que Rome lancerait ses foudres contre toute terre, et, dans ce cas, permettant aux Chanoines de faire l’Office tout bas, sans sonner les cloches, « pourvu, dit Ruffi, que les portes fussent fermées, et que les personnes excommuniées en fussent excluses » » (Casimir Bousquet).
R Bérenger, marquis de Provence en 1150 ; Frédéric Ier, empereur en 1164 ; Ildefonse, roi d’Aragon en 1176 ; Frédéric II, empereur de Naples et de Sicile, la prirent sous leur sauvegarde. Elle reçut aussi la faveur de René, roi de Jérusalem, de Sicile, de Naples et comte de Provence, ainsi que de Charles VIII. Ces privilèges furent ensuite confirmés par François Ier, par Louis XII et Louis XIV en 1683.
En 1193, le chapitre de la major est autorisé à procéder aux funérailles des étrangers qui décédent dans la ville.
Usages.
Au VIe siècle, dit Ruffi, Marseille est la ville qui compte le plus de Juifs. Plus tard, devant leur nombre croissant, ils ont deux synagogues, et un cimetière. Mais les marseillais commencent à les massacrer. Ils fuyent alors la ville, mais une ordonnance royale les en empêche. En 1489 une nouvelle ordonnance royale les contraint à fuir à nouveau, et certains se font chrétiens. Marseille, perdant une richesse considérable, enfreint l’ordonnance. On y force alors les juifs à porter un bonnet jaune afin de les reconnaître immédiatement. Un passé peu glorieux de notre histoire, qui n’est pas sans en rappeler un autre beaucoup plus proche.
Dans « histoire de Marseille », de Ruffi, le clergé de la cathédrale avait coutume de manger un agneau rôti le jour de Pâques. « Il m'a été impossible, - écrit-il - de savoir en quel tems cette coûtume fut suprimée. Les Arméniens en pratiquaient encore une presque semblable l'an 1560 ; car le jour de Pâques ils pendoient au milieu de leur église un agneau rôti, dont l'évêque, revêtu de ses habits pontificaux, le clergé et le peuple en mangeoient chacun un morceau ; mais peu après elle fut abolie par un de leurs évêques, qui avait été Religieux dans l'ordre de St Dominique. »
Selon Grosson, le Prévôt de la ville donnait, à ses frais, le samedi Saint dans l’après midi, aux enfants de chœur, un agneau vivant, qu’il lâchait dans la cour. Celui qui l’attrapait le premier le faisait égorger et le partageait avec ses camarades en parts égales.


Gravure de Gaspard Mérian. (Topographia Galliae de Martin Zeiller, Francfort
1661).
De gauche à droite, la commanderie de St Jean, qui deviendra plus tard le fort St Jean, puis la butte St Laurent et ses moulins, la cathédrale de la Major, ensuite la butte des moulins, et la Vieille Charité.
La cathédrale est en trois parties, avec à droite la tour de l'évêché. La tour nord avait-elle déjà été supprimée ? On le dirait bien. Le clocher qui a été dessiné sur cette gravure n'est pas réaliste. Il est en réalité dans la partie centrale du dessin où l'on aperçoit quatre ouvertures.
Cette gravure date du XVIIIe siècle. Les plus attentifs reconnaîtront l'église des Accoules et son clocher.