L'autel de St Lazare
Dans le collatéral gauche, se trouve l’ autel Saint-Lazare. Il est composé de deux arcades symétriques surmontées par une frise. Deux frontons circulaires coiffent l’ensemble. Les arcades reposent à droite et à gauche sur des pilastres d’ante. Tandis qu’une colonne centrale soulage l’ensemble. Trois personnages sont placés en hauteur : à gauche, c’est saint Cannat (septième évêque historique de Marseille). Il tient une crosse et un roseau. Au centre, en habit de guerrier, on reconnaît saint Victor, puis à droite, saint Lazare, au dessus de la barque. Il tient un cierge allumé dans la main droite.
Dans les tympans figurent quatre écussons, abîmés pendant la Révolution. On reconnaît encore, de la gauche vers la droite les armes de : J Remmesan (sans certitude) ; Jean de Cœur, prévôt de la Major ; Jeanne de Loraine, épouse de Charles III ; et Jean Allardeau, évêque de Marseille.
Sur la frise, sont écrits des vers en latin louant saint Lazare, d’après une transcription de MM Toulouzan et Négrel-Férand :
ISTAM PATRIE ET CLERI SPECVLAM CVSTODIT LAZARVS IPSE
QVE CHRISTVS TETRIS VIVVM REVOCAVIT AR VMBRIS
MASSILIE PRESVL HIC MORIBVS INDE REFVLGENS
TRVNCATO CAPITE CONCEDIT AD AVRAS
.....PROLES FILIVS ATQVE NEPOS CAROLVS FVIT ILLE
RENATI QVE NVMERO DIVVM DOM1NVS CONCERVET. IN EVUMI. MCCCCLXXXI.
La date de 1481 est clairement indiquée et permet ainsi de dater l’œuvre, même si elle n’a été terminée que plus tard.
La colonne du centre n’est pas de la même facture que celles des extrémités. Elle est bien plus ouvragée, ce qui fait penser qu’elle a peut être été récupérée à partir d’anciennes colonnes romaines trouvées autour de la Major.
Au dessus des frontons circulaires, cinq statues trouvent place. Au centre la Vierge, de part et d’autre Marthe et Madeleine, puis aux extrémités deux évêques portant à gauche une crosse brisée. Ces statues de marbre ont été placées récemment sur le fronton (1823).
Dans l’arcade de gauche, se trouve l’autel de Saint Lazare sur lequel est, assis dans une chaise pontificale, la statue du saint, mitre en tête et crosse à la main. A gauche, Madeleine porte un vase de parfums, et à droite Marthe tient la tarasque enchaînée. Ces statues, en pierre, étaient autrefois peintes et dorées. Sur le socle de Lazare est écrit : LAZARUS amicus noster. Le gradin de l’autel est en marbre. Il est gravé de sept petits tableaux représentant la vie de Lazare : la résurrection du fils de la veuve de Naïm ; la résurrection de Lazare, assis sur le tombeau, parlant aux assistants ; le repas avec Jésus chez Simon ; Lazare sur la barque arrive à Marseille ; Madeleine prêche la bonne parole devant les marseillais ; Lazare est sacré évêque ; Lazare est décapité.
Dans l’autre arcade, on voit deux niches. Celle de gauche renfermait la chasse du saint et les restes de ses vêtements. Cette niche rectangulaire est surmontée d’un fronton contenant le buste du saint ; le tout est surmonté d’un dôme. En 1850, elle portait des traces d’anciennes dorures.
Ci-dessous une note publiée par L Barthélémy en 1855. Elle nous permet de connaître le nom de l’artiste qui a conçu et exécuté l’autel :
« L’historien marseillais Grosson a prétendu que cette colonne (la colonne centrale) était antique et qu’elle provenait, peut-être, du temple de Diane ; un habile architecte de Marseille, M. Roustan qui a étudié et dessiné d’une manière remarquable ce monument, en 1878, est du même avis, à cause de la finesse du grain et de la couleur du marbre, mais il pense que les ornements gravés sur le fût de la colonne sont modernes et de la main de l’artiste qui a sculpté les pilastres. Millin avait exprimé la même opinion, en disant que le style en est bien supérieur à celui de la sculpture chez les anciens et au temps où ils surchargeaient d’ornements les pilastres et les colonnes.
Au sujet du nom des auteurs du monument, M. Barthélémy dit : « Un acte de quittance, daté du 14 mai 1483, va nous dévoiler tout à la fois le nom des deux artistes qui ont collaboré à ce grand ouvrage, le prix qu’il a coûté, et la qualité de ceux qui ont participé à la dépense. Il est dit dans cet acte, qu’avant de construire la chapelle de  Saint-Lazare, le prévôt et le Chapitre de la Major, assistés des nobles Jacques de Remesan et de Pierre Imbert, députés tous les deux par le Conseil général de la ville, passèrent diverses conventions avec maître François Loréana, sculptor y magnicm, habitant Marseille ; il fut décidé, entre autres choses, que M. François recevrait 800 florins de roi, pour son salaire, ainsi qu’il résulte, dit l’acte en question, d’une écriture privée restée entre les mains des contractants et écrite par le noble Imbert.
C’est en vertu de cet accord, que Loréana donne quittance à Jean de Cuers, prévôt de la Major, et aux chanoines, de la somme de 86 florins 8 gros et 3 patats payés en écus, ducats et florins d’Aragon et d’Utrecht.
Immédiatement après, Loréana donne l’argent reçu à maître Thomas de Samoelvico, aussi sculpteur, lequel ayant travaillé à la même œuvre et n’étant point entièrement payé, avait actionné le Chapitre devant la Cour épiscopale, pour être soldé de ce qui lui était dû. Maître Thomas donne quittance à son tour au maître imagier, en déclarant abandonner toutes ses revendications. (Prot. de Me Darnety et Me de Laget.) »
Le même auteur dit ensuite : « Jusqu’à ce jour, François Loréana, célèbre médailler de la Renaissance, n’était connu comme sculpteur que par le Portement de Croix qu’il fit pour les Célestins d’Avignon, placé aujourd’hui dans l’église Saint-Didier de la même ville ».
   
La résurrection du fils de la veuve
de Naïm.
 
La résurrection de Lazare.
 
Le repas chez Simon.
   
         
Lazare sa famille et ses
amis débarquent à Marseille
 
Le prêche de Marie Madeleine
devant les Marseillais
 
Lazare est sacré évêque
Lazare est décapité
   
Photos SAEP/P Vanhaecke
68040 Ingersheim
Guide descriptif de l'Ancienne Cathédrale Sainte Marie Majeure de Marseille