Laissons à Bernard Cormier, conservateur émérite aux archives du diocèse de Marseille, la description de la nef.
« En entrant par la porte principale, la vue d'ensemble englobe à la fois la profondeur du sanctuaire, la luminosité du transept et l'ampleur des nefs surmontées de leurs tribunes. Trois énormes travées constituent la nef principale. Bâties sur des piles où la pierre et le marbre alternent leur ton de rouge et d'ocré pâle, elles supportent par les arcs en plein cintre qui s'accordent sur un plan carré, formant au sommet une voûte d'arête en absorbant les poussées des forces sans le secours de piles extérieures ou de contreforts.
Les nefs latérales, percées dans l'épaisseur des piles, portent les tribunes soutenues d'une triple arcature reposant sur des colonnes monolithes de porphyre sombre contrastant avec leurs bases et leurs chapiteaux de pierre froide. L'éclat des mosaïques des entablements et les transennes qui forment de leur marbre blanc la balustrade des galeries composent une splendide introduction au sanctuaire.
Les colonnes monolithes qui supportent la tribune des orgues (qui seront bientôt installées) sont en granit ; leurs bases en marbre sont taillées de façon à même offrir de quoi s'asseoir.
Cantini, le marbrier marseillais qui a fourni une grande partie des matériaux a également sculpté les chapiteaux ; l'impétuosité de son imagination n'a pas toujours été du goût de l'architecte Révoil qui dirigeait toute la partie décorative, mais convenons qu'aujourd'hui tous admirent la facture des artistes qui, il y a cent ans, travaillaient encore comme leurs prédécesseurs des temps médiévaux.
Mais, abaissant les yeux, un autre sujet d'étonnement s'offre au visiteur : Henri Révoil a voulu un pavement digne du temple du Seigneur. Entièrement traité en mosaïque sur des dessins originaux, mais dont l'inspiration vient d'Orient, de Byzance et de Rome, le sol lui-même veut être une louange au Dieu de l'univers, là où les pieds vont gagner son sanctuaire.
Les mosaïstes de la Maison Mora frères de Nîmes se sont surpassés en traitant des dizaines de milliers de cubes de marbres de toutes couleurs suivant les tracés les plus audacieux de la symbolique sur pas moins de 3.142m2 ! On remarquera aussi les grilles ouvragées qui gardent les escaliers menant à la crypte antérieure.
La dernière travée, proche du transept abrite, à droite, le groupe de la station du Chemin de la Croix où le sculpteur marseillais Auguste Carli a représenté avec émotion le geste de Véronique essuyant la face de Jésus tombé à terre. Ce très beau marbre a été mis en place en 1933, sous l'épiscopat de Mgr Dubourg. A gauche, un grand crucifix en bois sculpté domine une reproduction ancienne du voile de Véronique exposé à la dévotion des fidèles.
Le plan basilical ne comporte pas de nefs latérales mais des alvéoles, proches des bases des tours, forment à l'ouest le baptistère dont la vasque en marbre occupe le centre, et à l'est, la chapelle des défunts. » |
Les tuyaux du nouvel orgue |
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La décoration a été commencée |
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Véronique essuie le Christ |
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